Visites d'adieu et heure du bilan:

Publié le par MABADILIHO

 Visites d’adieu et heure du bilan:

Le président de la République, Son Excellence Monsieur Ahmed Abdallah Sambi effectue depuis plus d'une semaine un long périple en Afrique, en Asie et en Europe, en guise de visite d'adieu au terme d'un mandat de quatre ans à la tête de l'Etat comorien.

Sambi qui se trouve au Caire dans le cadre du Forum sino-Afrique profitera de l'occasion pour faire ses adieux à ses pairs africains avant de s'envoler en Turquie dans le cadre de la Conférence Islamique. Cette deuxième étape constitue une belle occasion de serrer pour une dernière fois les mains des Souverains et autres chefs de Gouvernements arabes et asiatiques. Sambi se rendra, ensuite, à Rome dans le cadre de l'Assemblée générale de la FAO, en transitant par Paris, capitale du premier partenaire économique du pays. N'est-ce pas un périple d'adieu ?


Sambi, las de la gestion d'un pays aux multiples problèmes devra en principe faire un message d'adieu à la hauteur de l'enjeu et, reflétant les réalités du moment mais aussi la gravité de la situation économique du pays et la persistance du séparatisme anjouanais. Son départ intervient dans un contexte particulièrement sombre et incertain .Sambi doit désormais faire son mea-culpa en rendant un vibrant hommage à ses prédécesseurs. Il avait sous estimé sa mission et qualifié ceux qui l'ont précédés d'incompétents et de corrompus. Il est rattrapé par une certaine réalité qu'il ignorait totalement. Le bilan est, en conséquence, très lourd.

En 2006, sur le perron de Beit-Salam, l'alternance s'est faite courageusement entre un militaire et un civil ou plutôt entre un civil et un religieux. Cela fut la réponse aux milliers de Comoriens qui croyaient toujours en une révolution religieuse, capable de surmonter les défis et apporter des solutions aux maux qui rongent le pays. C'était un moment d'espoir et de fierté pour notre pays. Cela nous rappelle la révolution à Téhéran en 1979 qui a instauré une République théocratique, islamique et populiste dirigée par Khomeini.

En 2006, à l'accession de Sambi au pouvoir,la situation était stable, mais encore fragile. Le pays avait besoin qu'on continue à l'aider à mettre en place les institutions de l'État et à assurer leur efficacité, surtout celles qui sont chargées des droits de l'homme, de la justice et de l'alternance politique, dans le cadre de l'Accord cadre de Fomboni, une étape déterminante de la consolidation de la paix dans l'archipel.

Dommage ! Rien de mieux par rapport aux prédécesseurs de Sambi, lesquels ont un actif qui leur permet de s'enorgueillir aujourd'hui. Du Président Ali Soilihi, en passant par Ahmed Abdallah et Said Mohamed Djohar et en finissant par Mohamed Taki et Azali Assoumani, chacun a laissé des empruntes indélébiles. Aux historiens de faire l'inventaire et de dresser le bilan.Aujourd'hui, le pays, hanté plus que jamais par des fanatiques fréquentant des cercles douteux, est devenu un terreau de confessions religieuses. Certes, Sambi comme l'ensemble de son entourage en sont responsables.

Au terme du mandat, Sambi, connait des revers. Le volet économique et social tant vanté par l'ancien commerçant de matelas n'est pas brillant. C'est plutôt catastrophique avec ce chapelet d'arriérés de salaires des fonctionnaires et des sempiternelles grèves, au niveau du secteur de la Santé. Les grandes réussites de sa présidence évoquées par M. Dossar, son Directeur de Cabinet se résume au débarquement militaire à Anjouan. A la longue, les Anjouanais disent que ce n'est pas une fierté pour eux et n'a rien changé du quotidien de l'Anjouanais ordinaire. Dossar a parlé d'une ouverture de la diplomatie. Laquelle ?

En dehors des relations diplomatiques établies par Ali Soilihi et Ahmed Abdallah Abdérémane, le pays n'a rien enregistré de plus. Même la coopération avec l'Iran, son parrain n'a rien d'extraordinaire. Aucune chancellerie de plus à Moroni par rapport à l'héritage d'Azali. Par contre, Sambi peut, en effet, confirmer qu'il a eu plus d'aides que ses prédécesseurs. Mais où sont elles passées ? Plus d'assistance aux hôpitaux, plus de subventions à l'Université, plus d'accompagnement au niveau des administrations, plus d'investissements. Rien. Pourtant, les projets, il en a hérités. L'autre porte flambeau du régime, M. Nourdine Bourhane met en exergue les 23 millions de dollars octroyés par FMI en récompense d'une bonne gouvernance. Or la première conditionnalité d'un programme FMI/BM est la mise en place des institutions. La deuxième est l'adoption par le gouvernement d'un budget consolidé .Ni l'une ni l'autre. Et si M. le secrétaire général nous disait les dessous de table autour de l'octroi de ces fonds qui ne sont qu'une augmentation de la dette extérieure du pays. Le retrait de la question de Mayotte dans les instances onusiennes? N'est ce pas cette démarche constitue une autre forme de diplomatie ? Mais à l'envers.

Je ne suis pas le professeur Zilé ni le défunt Anzi, éminent professeur de Mathématiques mais je sais qu'entre 23 et 200, il ya un décalage. La table Ronde de Bailleurs de fonds organisée par le gouvernement Azali en décembre 2005 nous a laissé la possibilité de décaisser 200 000 000 de dollars américains. Qu'avez-vous fait de cet héritage pour vous vanter d'une dette de 2 3 millions de dollars américains ? Je comprends pourquoi, les services de Sambi n'arrivent pas à boucler les fins du mois des fonctionnaires. Maintenant, nous devons regarder vers le vaste horizon qui s'étend devant nous. Le pays est vierge et ayons confiance dans la promesse qu'offrent les Comores parce que nous connaissons tous la trempe des Comoriens , notamment ceux de l'arrière du pays.

Si Ali Soilihi a laissé derrière lui des dizaines de collèges ruraux et une reconnaissance internationale d'un archipel indépendant composé de quatre îles, Ahmed Abdallah a laissé derrière lui, le Galawa, un complexe hôtelier important et une station terrienne qui a sorti le pays de l'isolement et qui l'a préparé à entrer dans le monde numérique. Djohar pour sa part a désenclavé le pays en termes de pistes ruraux et d'énergie. Azali, père de la réconciliation nationale a créé la première université du pays, libéralisé le secteur bancaire, fait profiter le pays des Nouvelles Technologies de l'Information, parachevé les infrastructures aéroportuaires, mais surtout réconcilier les administrés de l'Administration, en rompant avec les arriérées de salaires.

Pour l'heure,nous faisons face au problème de la gestion du crash de l'A310, péri au large des Comores ; nous sommes confrontés au problème de l'énergie ; nous sommes aujourd'hui, privés même du pèlerinage. La liste est longue et nous ne sommes pas au bout de nos peines. Ce n'est plus une affaire de régimes ou de générations. Tout le monde est en péril si nous ne bougeons pas dès maintenant pour assumer notre devoir sacré vis-à-vis de ce pays meurtri. Où va le pays et à quand le sursaut national ?


Mouigni Abdou
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