LE PRESIDENT AZALI ROMPT LE SILENCE ET SORT DE SA RESERVE

Publié le par MABADILIHO

LE PRESIDENT AZALI ROMPT LE SILENCE ET SORT DE SA RESERVE



Nous publions ci-dessous la déclaration préliminaire du colonel Azali Assoumani, au cours d'une conférence de presse qui a eu lieu au Select à Moroni le mercredi 13 janvier 2009.


Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,

Permettez- moi tout d'abord de saisir cette occasion, pour vous présenter à vous tous et à vos familles respectives, mes meilleurs vœux de santé, de bonheur et de prospérité pour cette nouvelle année 2010 et de formuler pour notre pays que nous aimons tous, mes souhaits de paix qui, à bien y regarder, est notre véritable richesse, mes souhaits concorde nationale car l'unité et l'entente au sein de la population sont les réelles bases de la prospérité et enfin, mes souhaits pour une année 2010 de consolidation de nos institutions républicaines, et de renforcement de la démocratie.

Je remercie les responsables et les journalistes de m'avoir invité et j'ai accédé à leur demande pour :


1° - d'abord pour rompre un silence que je me suis imposé depuis que j'ai quitté la charge de Chef de l'Etat en 2006. Mon silence et ma réserve par rapport à la vie politique du pays ont été pour moi, un choix et une volonté délibérée que j'ai voulus observer pour 1° redéfinir mon cadre de vie après avoir été pendant des années au centre de la conduite des affaire, 2° pour ne pas gêner mon successeur et laisser à celui à qui le peuple comorien avait confié sa destinée pour les quatre ans suivants, toute latitude pour gouverner et ne pas interférer dans son action.

J'estimais que de ma part, une certaine réserve devait être de rigueur, par devoir, par pudeur et parce que mon éducation me le dictait. La seule fois où je suis intervenu sur les médias nationaux et internationaux, était à l'occasion de la sortie de mon livre d'entretien "Quand j'étais président". Et encore, je me suis efforcé de ne parler que de mon expérience au pouvoir sans vraiment me prononcer sur une actualité pourtant brulante et intéressante.

2° - J'ai voulu ensuite saisir cette opportunité pour attirer l'attention des gouvernants et de l'opinion nationale et internationale, sur les conséquences fâcheuses éventuelles que pourraient provoquer dans notre pays, l'ambigüité créée et entretenue par l'entourage du Président de la République, sur une possible prolongation du mandat du Président SAMBI, dont la date limite est fixée par la constitution au mois de mai 2010.

3° - L'occasion de cette émission me permettra enfin de donner mon humble avis sur les différents sujets qui touchent le pays à l'aube d'une période cruciale pour l'avenir immédiat de l'Union des Comores.


Mesdames et Messieurs


La Constitution de 2001 qui a permis mon élection et celle du Président SAMBI a été élaborée et adoptée à l'issue d'une grave et longue crise séparatiste survenue dans l'ile d'Anjouan.Le séparatisme est une donne récurrente et aux conséquences visibles dans notre pays.

En effet, la sécession de l'Ile de Mayotte après le 6 juillet 1975 et le séparatisme anjouanais, sont deux crises qui ne sont pas similaire et qui n'ont évidement pas eu la même évolution.

- Alors que le problème mahorais a toujours rassemblé la population des trois îles pour réclamer le retour de Mayotte dans son ensemble naturel, face à la volonté de l'ancienne puissance coloniale d'occuper cette île et de la gérer d'une façon unilatérale,


- Le séparatisme anjouanais a non seulement menacé l'existence même des Comores en tant qu'Etat souverain et en tant que Nation mais elle a en outre créé dans les deux autres îles, un reflexe qui pouvait à la longue mener sinon à une guerre civile et au pire à des massacres et des épurations non pas ethniques mais insulaires, comme les événements d'avril 1999 à Ngazidja l'ont montré.
C'est dans ce contexte qu'on a vécu cette crise. Des mois et des années de négociations patientes ont abouti à l'unité du pays et à la réconciliation nationale, concrétisées dans un pacte : les Accords de Fomboni signées par les parties comoriennes et la constitution de 2001 adopté largement par le peuple comorien, sous les auspices de la Communauté internationale.Ainsi, toute révision de l'un des éléments fondamentaux de la réconciliation (la présidence tournante, l'autonomie des îles) doit tenir compte de tous ces éléments.

La présidence tournante, dans sa lettre et dans son esprit, est devenue un droit inaliénable et constitutionnel des habitants de Ngazidja et de Ndzouani et à plus forte raison ceux de Mwali dont nous devons avoir une grande reconnaissance pour avoir abrité les négociations avec les séparatistes et facilité le dénouement de la crise séparatiste anjouanaise.

Pour moi, la remise en cause de la présidence tournante n'est pas à l'ordre du jour tant que nos frères Mohéliens n'auront pas présidé aux destinées de ce pays.

Harmoniser des mandats et regrouper des élections pour des raisons d'argent, oui, mais en aucun cas cela ne peut et ne doit pas dissimuler une intention de prolonger un mandat, au risque de remettre en cause tous les acquis de la réconciliation nationale, de la paix civile, de la stabilité et de l'entente entre tous les habitants de toutes nos îles, qui ont permis l'alternance de 2006, dans les bonnes conditions que tout le monde connait.

Certes, le pays a bien d'autres préoccupations. Toutefois, ce sont là les éléments fondamentaux de toute cohésion sociale sans laquelle aucun projet de développement ne peut être mené à bien.
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